Le SĂ©nat examine aujourd’hui en sĂ©ance plĂ©niĂšre le projet de loi « Orientation et programmation du ministĂšre de la Justice ». Ce texte prĂ©voit, notamment, une expĂ©rimentation de rĂ©forme de la justice commerciale, les tribunaux de commerce Ă©tant rebaptisĂ©s : « tribunaux des affaires Ă©conomiques » avec une compĂ©tence Ă©tendue Ă  l’ensemble des procĂ©dures amiables et collectives, quel que soit le statut du dĂ©biteur.

Dans ce contexte, il convient de rappeler le formidable travail accompli par ces 3477 juges consulaires bĂ©nĂ©voles, issus du monde de l’entreprise, qui acceptent de consacrer du temps et de l’argent au service de leurs pairs. Le taux d’appel des dĂ©cisions des tribunaux de commerce est d’ailleurs limitĂ© Ă  14%, dĂ©montrant le bien-fondĂ© du systĂšme actuel.


Il est donc heureux que la commission des affaires Ă©conomiques du SĂ©nat, entendant en cela la CPME, soit revenue sur le projet initial visant Ă  instaurer une forme d’échevinage Ă©dulcorĂ© en flanquant les juges consulaires d’un magistrat professionnel assesseur, sans que personne ne voit l’utilitĂ© d’une telle disposition qui serait venue, de surcroĂźt, encore accroĂźtre le manque d’effectifs des tribunaux judiciaires.


A ce stade, subsiste nĂ©anmoins dans ce texte une disposition remettant en cause le principe mĂȘme de la gratuitĂ© de la justice, cette taxe « ayant vocation Ă  concourir au sein du budget gĂ©nĂ©ral au service public de la justice ». Ainsi, selon ce projet, les entreprises qui sont pourtant dĂ©jĂ  assujetties Ă  une avalanche de taxes et d’impĂŽts, devraient, en plus, s’acquitter d’une nouvelle taxe pour bĂ©nĂ©ficier d’un droit, pourtant rĂ©galien, Ă  la justice. Une forme de double peine. Il faudrait donc Ă  la fois financer, Ă  travers les prĂ©lĂšvements obligatoires, le fonctionnement de la justice puis remettre la main Ă  la poche pour y accĂ©der. Et bien entendu, ce sont les plus petites entreprises qui risqueraient ainsi, en pratique, de se voir dĂ©nier la possibilitĂ© d’accĂ©der Ă  la justice commerciale.

La CPME appelle donc les sĂ©nateurs Ă  supprimer cette disposition qui crĂ©e un dangereux prĂ©cĂ©dent en contrevenant au principe mĂȘme de libre accĂšs Ă  la justice.